À l’époque de Jean-Baptiste Greuze (milieu du XVIIIe siècle), l’Académie royale de peinture et de sculpture n’est pas simplement une école d’art. C’est l’institution centrale, omnipotente et incontournable qui régit la vie artistique française. Elle est à la fois un outil de la monarchie absolue, un système d’enseignement et une machine à fabriquer les carrières et la gloire.
Comprendre l’Académie, c’est comprendre l’ambition, le succès et l’humiliation de Greuze.

1. Historique rapide : De l’artisan à l’artiste
- Fondation (1648) : L’Académie est fondée sous la régence d’Anne d’Autriche, à l’instigation d’un groupe d’artistes de cour (dont Charles Le Brun) avec le soutien de Mazarin.
- Objectif initial : Émanciper les « artistes » (praticiens des « arts libéraux ») de la tutelle des « artisans ». Avant 1648, peintres et sculpteurs étaient membres de la maîtrise (la guilde de Saint-Luc), au même titre qu’un menuisier ou un peintre en bâtiment. L’Académie visait à affirmer que la peinture est un art intellectuel (« chose mentale », disait Léonard), pas un simple travail manuel.
- Reprise en main par Louis XIV (1663) : C’est le moment clé. Colbert, ministre de Louis XIV, réorganise l’Académie et en fait un instrument de l’absolutisme. Sa mission devient de former des artistes pour glorifier le Roi-Soleil et l’État. L’art est mis au service de la propagande royale.
