Parcours biographique

Née dans le quartier de Montmartre d’un père immigré tunisien et d’une mère normande, Radhia Novat connaît une rupture biographique à l’âge de dix ans. Un accident de voiture entraîne la mort de sa mère, de son frère et de sa grand-mère. Elle passe le reste de son enfance et son adolescence en banlieue parisienne, à Orly, avec son père. Après le baccalauréat, elle suit une formation en arts appliqués, puis s’oriente vers le théâtre de rue, qu’elle pratique au sein de la compagnie Zéro de conduite.
Au début des années 1980, un séjour aux États-Unis la met en contact avec des scènes artistiques dont la maturité contraste fortement avec la situation française de l’époque. En Californie, elle observe l’esthétique punk qui utilise le pochoir comme un outil de communication directe et subversive. Parallèlement, à New York, des artistes comme Jean-Michel Basquiat et Keith Haring opèrent déjà une transition de la rue vers les galeries, brouillant les frontières entre le graffiti et le marché de l’art. En France, à ce moment, l’art urbain est encore embryonnaire et presque unanimement considéré comme du vandalisme. Les pionniers du pochoir, comme Blek le Rat qui commence à peindre ses rats à Paris en 1981, agissent dans une clandestinité totale.

C’est dans ce contexte que Miss.Tic, influencée par cette effervescence américaine mais aussi par les premiers pochoiristes parisiens, décide d’abandonner le théâtre pour investir l’espace public. En 1985, elle réalise sa première œuvre murale, important non seulement une technique, mais aussi l’idée que la rue pouvait être une scène. Cette démarche préfigure un changement de paradigme radical : aujourd’hui, le street art est non seulement institutionnalisé, mais il alimente également un second marché très spéculatif où les œuvres d’artistes comme Banksy ou Kaws atteignent des records dans les plus grandes maisons de vente. Le parcours de Miss.Tic elle-même, de la condamnation à l’entrée dans les collections, incarne cette trajectoire.
