Comment une stratège japonaise a transformé l’art occidental
« Ma célébrité est la manifestation la plus forte de ma volonté. Je veux imposer ma volonté sur tout ce qui m’entoure » – cette déclaration de Yayoi Kusama révèle la nature d’une artiste dont la perception a souvent été incomplète.
À 95 ans, celle que l’on décrit fréquemment comme une créatrice fragile, marquée par ses hallucinations, est en réalité une des stratèges les plus efficaces de l’art contemporain.

Une formation classique marquée par le trauma
Née en 1929 dans une famille bourgeoise de Matsumoto, Kusama a eu un parcours scolaire et universitaire conventionnel. Cependant, sa vie familiale était d’une violence rare, ce qui a probablement contribué à forger sa détermination.
Le foyer Kusama était le cadre d’un mariage arrangé, ainsi qu’il était courant à l’époque au Japon, et encore de nos jours. Son père, ayant dû prendre le nom de sa femme pour intégrer cette famille aisée, multipliait les relations extraconjugales. Cette situation, et certainement d’autres facteurs, conduisirent la mère de Yayoi à des comportements hystériques dont sa fille était victime, violence verbale et physique, harcèlement, et autres mauvais traitements constituaient le quotidien de la petite fille.
